Logistique - Ecosystème
Définition d’un écosystème
Un écosystème peut être compris comme un système d’entreprises qui, de par leur offre de produits ou de services , le marché auxquelles elles s’adressent ou encore les contraintes et réglementations auxquels elles sont soumises, entretiennent des rapports similaires à un environnement commun.
L’étude d’un écosystème se fonde sur une série d’interviews quantitatives et qualitatives auprès des acteurs-clés. Elle permet d’appréhender la vision actuelle et prospective de ceux-ci sur leur écosystème, mais aussi de comprendre les mécanismes autour desquels s’articulent les besoins et comportement en matière de formation
De sous-traitant à co-traitant.
Une poignée de grands donneurs d'ordre, quelques grandes entreprises,
une kyrielle de PME… Mondialisation et crise économique obligent, quel
que soit le secteur et ses problématiques particulières, le fameux
“recentrage sur le cœur de métier” ne cesse d'accentuer
l'externalisation et d'allonger la chaîne de production. Or,
ces derniers mois ont accru la fragilisation voire la disparition de
nombreuses PME, trop dépendantes d'un grand client ayant drastiquement
baissé ses volumes de commandes pour faire face à la crise.
L'allongement de la chaîne
de production
de production
“Les donneurs d'ordre ont une attitude mi-ange mi-démon, explique
Olivier Wajnsztok, directeur associé d'AgileBuyer : d'un côté, ils
s'appliquent à mieux gérer le risque fournisseurs, en s'assurant par
exemple de leur trésorerie, pour ne pas les perdre ; de l'autre côté,
ils sont tentés de profiter de la crise pour faire baisser les prix…”
Tout en témoignant également de cette ambivalence, Pierre-François
Kaltenbach, responsable des opérations France-Benelux chez Accenture,
souligne que “dans l'automobile, qui a des marges particulièrement
basses, les donneurs d'ordre voient les limites de la stratégie bas
coûts et de l'achat monosource. Ils adoptent donc une vision à moyen
terme, plus stratégique, intégrant la notion de ce que peuvent leur
apporter leurs sous-traitants en termes d'innovation. En revanche, les
petits fournisseurs non stratégiques ne font pas l'objet d'autant
d'attention...” “En fait, tout est question de rapport de force : les
fournisseurs en situation d'oligopole, comme par exemple dans
l'agro-alimentaire les deux ou trois fournisseurs mondiaux de colorants,
sont, eux, en mesure d'imposer leurs conditions”, ajoute
Pierre-François Kaltenbach. Conséquence de ces pratiques : dans la
filière automobile, la situation reste critique malgré les mesures mises
en œuvre depuis plus d'un an par le fonds de modernisation des
équipementiers automobiles (FMEA) et Plateforme de la filière
automobile. Les entreprises du secteur, qui estiment que les
constructeurs ont la responsabilité de cet état de fait, ont le
sentiment de prendre plus que leur part de risque financier et de ne pas
être écoutées.
Protéger ses sous traitants,
sans les intégrer
sans les intégrer
Protéger les sous-traitants ? Une obligation morale et surtout
économique pour les donneurs d'ordre. Mais il s'agit de protéger sans
intégrer, pour garder de la flexibilité… Le bon équilibre est difficile à
trouver. “Bien que la LME ait ramené à 60 jours les délais de paiement -
là où des pays tels que l'Allemagne sont eux à 30 jours -, la pression
financière contribue à mettre les PME gravement en danger, en manque de
cash pour procéder aux investissements nécessaires”, remarque Raymond
Amour, senior adviser Arthur D Little. Entre les dépôts de bilan à
répétition et la surchauffe des fournisseurs survivants, qui se
retrouvent dans l'incapacité de répondre aux à-coups de la demande, le
risque de rupture est devenu aigu. Lorsqu'un maillon vient à manquer,
c'est toute la chaîne qui est menacée. “Dans l'automobile, après une
période “anesthésiée'' par les mesures gouvernementales, la situation
reste très tendue et soumise aux variations de volume. Les
sous-traitants survivants, exsangues, n'ont plus les moyens de fournir
un effort supplémentaire, qui pourrait leur être fatal, analyse Raymond
Amour. Les constructeurs recherchent d'urgence une démarche plus adaptée
à leurs sous-traitants afin de pallier le risque de rupture
d'approvisionnement… et la tentation de faire appel à des fournisseurs
asiatiques !”
Les efforts se sont multipliés. “Le supplier relationship management est
devenu une réalité, estime Olivier Wajnsztok. Dans le secteur
automobile, qui était ‘‘en crise avant la crise'', les constructeurs ont
créé un fonds de soutien avec le FSI (FMEA) pour apporter de la
trésorerie à leurs fournisseurs de rang 1, tel Valeo. C'est d'ailleurs
dans cette société qu'on déclarait : “nous ne pouvons pas vivre sans nos
fournisseurs. La crise en a fragilisé un grand nombre et nous n'avons
pas attendu le FMEA pour les aider. Nous les avons d'ores et déjà
soutenus, soit sous forme d'avance de trésorerie, soit en leur offrant
des garanties de volumes, soit en prenant en charge leurs achats de
matières premières”. Des préoccupations présentes dans tous les
secteurs : “Les donneurs d'ordre doivent identifier les fournisseurs
dont ils ont un besoin absolu, confirme Pierre-François Kaltenbach, soit
parce qu'ils sont uniques, soit par l'avantage compétitif qu'ils
apportent à l'entreprise. C'est ceux-là qu'il faut aider pour sécuriser
les approvisionnements, au-delà de la période de turbulence.” Le “besoin
absolu” est souvent lié à la capacité des fournisseurs à répondre aux
exigences d'innovation, de R&D. Dans le secteur de l'aéronautique,
qui fait appel à des technologies très pointues, les fournisseurs
entretiennent des relations très étroites avec les avionneurs. A
Toulouse, AHG, producteur de rivets, fixations et vis, réalise 80 % de
son chiffre d'affaires avec quinze gros donneurs d'ordre en France et à
l'international. Fournisseur de rang 1, la PME apparaît solidement
armée : “Nous avons développé notre propre R&D et travaillons en
partenariat avec nos clients majeurs depuis de longues années. Notre
dépendance est assez forte vis-à-vis d'eux, mais la leur l'est tout
autant, car nous sommes les seuls au monde qualifiés chez les deux plus
gros donneurs d'ordre de l'aéronautique”, confie Xavier Auriol,
directeur Production et Méthodes.
“La charte des bonnes pratiques”
Aujourd'hui, au-delà de “sauver ce qui peut l'être”, il importe d'étudier en concertation, par filière, ou de manière transversale, un nouveau “mode de vie”. Pour l'heure, face à des grands donneurs d'ordre qui restent encore souvent guidés par des objectifs court-termistes de réduction des coûts et du panel fournisseurs, les PME ne sont pas organisées et n'ont pas la taille suffisante pour peser dans les négociations. Ces dernières ont souvent le sentiment d'être des “amortisseurs sociaux” des fluctuations d'activité des grands groupes. “Nous devons modifier cette relation du puissant sur le faible, dit Jean-François Roubaud, président de la CGPME, ce qui signifie abandonner la sous-traitance pour avoir des relations de co-traitants. Il faut en parallèle aider des PME qui ne croissent pas assez faute de fonds propres pour que la France compte à
Aujourd'hui, au-delà de “sauver ce qui peut l'être”, il importe d'étudier en concertation, par filière, ou de manière transversale, un nouveau “mode de vie”. Pour l'heure, face à des grands donneurs d'ordre qui restent encore souvent guidés par des objectifs court-termistes de réduction des coûts et du panel fournisseurs, les PME ne sont pas organisées et n'ont pas la taille suffisante pour peser dans les négociations. Ces dernières ont souvent le sentiment d'être des “amortisseurs sociaux” des fluctuations d'activité des grands groupes. “Nous devons modifier cette relation du puissant sur le faible, dit Jean-François Roubaud, président de la CGPME, ce qui signifie abandonner la sous-traitance pour avoir des relations de co-traitants. Il faut en parallèle aider des PME qui ne croissent pas assez faute de fonds propres pour que la France compte à
l'avenir beaucoup plus d'entreprises de taille intermédiaire, plus
résistantes.” Approuvée par la ministre de l'Economie, la Charte de
bonnes pratiques signée len début d'année dernier par une vingtaine de
grandes entreprises (dont Véolia Environnement, EDF, Danone, EADS,
BioMérieux…) a vu le jour à l'initiative de la Compagnie des dirigeants
et acheteurs de France (CDAF) et de la médiation du crédit, Gérard
Rameix ayant poursuivi l'action de René Ricol. Président de la CDAF,
Pierre Pelouzet est aussi le directeur des Achats de la SNCF : “Ce texte
est le fruit
d'échanges qui ont eu lieu à l'automne dernier autour de la question du
financement des PME. Il s'agit de faire appliquer les bonnes pratiques
par les signataires, puis de les étendre à d'autres. La charte s'adresse
à tous ceux qui participent au processus achats dans l'entreprise, pas
seulement aux directeurs achats qui eux connaissent toutes ses
composantes, mais aussi aux directions générales ou aux directions
financières, qui doivent dépasser les clichés caricaturaux liés à la
fonction achats. Les signataires s'engagent à construire une relation
équilibrée et durable avec leurs fournisseurs, en conformité avec la loi
de modernisation de l'économie (LME), en développant une gestion
prévisionnelle de leurs achats afin de leur donner de la visibilité. La
maîtrise des taux de dépendance, le rôle des grands donneurs d'ordre
dans leurs filières avec l'aspect territorial et développement durable
complètent ces engagements, applicables dans tous les domaines de
l'industrie.” Pierre Pelouzet souligne par ailleurs que “dans le cadre
contraint des marchés publics, la SNCF veille à adapter ses marchés à la
taille des PME, et a été le premier signataire du Pacte PME en 2004.
Nous rappelons autant qu'il est besoin que les achats doivent prendre en
compte le coût total, l'impact sur l'environnement, sur la filière…”.
Globalement, les professionnels des achats se réjouissent de ces
engagements : “J'adhère à 99 % à cette charte qui est une avancée
majeure dans le monde des achats en B to B, dit le consultant Olivier
Wajnsztok. C'est un socle commun qui est un excellent départ et un
standard de haut niveau pour la gestion de la relation fournisseur. La
CDAF a fait un travail remarquable. Ma seule réserve est que la charte
ne prend pas en compte les aspects sociaux et sociétaux mais uniquement
ce qui a trait à l'environnement.” Même son de cloche chez
Pierre-François Kaltenbach, qui pense que ce type d'action “met en
lumière un problème longtemps passé sous silence. Cette visibilité va
exercer une pression salutaire sur les donneurs d'ordre, qui vont devoir
porter une réelle attention aux PME, et enrichir les indicateurs de
performance de la fonction achat, qui ne doivent plus se limiter au seul
facteur économie de prix”. En témoigne également Alexandre Billard,
directeur achats de Terreal (matériaux de construction), qui a quitté le
giron de Saint-Gobain, où elle bénéficiait des contrats-cadres de ce
groupe international. Il a fallu repartir de zéro : “Nous avons établi
un plan d'action par grandes familles d'achats, impliquant toutes les
fonctions concernées (production, qualité, maintenance, méthode,
commerciaux, etc.) en nous reposant sur 4 leviers : la définition très
fine du juste besoin, la capacité à trouver les meilleurs prestataires,
la connaissance de la structure de coûts des fournisseurs, et la
maîtrise des aspects contractuels.”
L'avant et l'après crise
Il existe clairement un avant et un après-crise, estime Florian Chauvin,
associé du cabinet Kepler, spécialisé dans l'optimisation de la
performance opérationnelle : “Avant la crise, le management
“classique'' se contentait de gérer le panel de fournisseurs, avec une
vision court-termiste et peu créative : c'était “négociation, revue de
qualité, réduction du panel''. Depuis la crise, la fonction achats doit
regarder à la fois plus en amont et en aval. Confronté à des enjeux
nouveaux, le management est devenu plus prospectif, la fonction achats a
pris un vrai tournant, et beaucoup d'envergure : elle est désormais en
relation avec toute l'entreprise : R&D, marketing, commerciaux,
production… et elle sert mieux la stratégie de l'entreprise.”
Aujourd'hui les donneurs d'ordre cherchent des fournisseurs qui
contribuent à leur compétitivité. Pour cela, ils observent un process
plus rationnel de travail collaboratif, allant jusqu'à coacher les
fournisseurs, pour aider à développer les plus stratégiques. ‘‘Le
contexte économique a créé la nécessité de compenser la perte de marchés
par une vision de conquête de nouveaux marchés…”, énonce Florian
Chauvin. Les achats représentant 60 à 80 % du chiffre d'affaires dans
une activité industrielle, il s'agit d'un vrai levier auquel les
directions générales commencent à s'intéresser. “Il existe trois façons
de faire baisser les dépenses : acheter moins, mieux, et moins cher”,
note Olivier Wajnsztok, AgileBuyer. Il n'existe pas de recette globale,
et une vision segmentée est nécessaire, en considérant tout ce qui est
différenciant, innovant.
Pôles de compétitivité,
bases des écosystèmes
bases des écosystèmes
Les dispositifs de soutien public tels que le crédit impôt recherche,
les pôles de compétitivité, la suppression de la taxe professionnelle,
sont unanimement salués. Depuis 2005, les pôles de compétitivité ont
montré la viabilité de leur modèle : partenariats industriels et de
recherche, mutualisation des moyens, mise en commun de moyens
logistiques, partage de l'information, regroupements pour accéder à
l'export et attaquer de nouveaux marchés... Les “écosystèmes” que
constituent à un niveau régional certains grands donneurs d'ordre et
leurs principaux sous-traitants s'inscrivent dans la même logique. “Un
exemple de réussite régionale, note Pierre-François Kaltenbach, est
celui des PME de la Vallée de l'Arve, qui ont su constituer, avec une
vraie logique de cluster technologique, un pôle spécialisé dans
l'usinage complexe et la mécanique de précision.” Aujourd'hui, la
co-traitance permet de faciliter les regroupements ponctuels par la mise
en place d'un cadre juridique et réglementaire, notamment pour répondre
en commun à un appel d'offres, créer des groupes de travail pour
développer et partager l'innovation… Au niveau national, où 85 % des
dépenses de R&D sont concentrées sur les quatre secteurs d'activité
que sont l'automobile, la pharmacie, les matériels et composants
électroniques, la construction aéronautique et spatiale, des projets
interpôles s'amorcent, incitant les pôles de compétitivité à travailler
ensemble sur des projets. Virginie Guérin, responsables des affaires
économiques et innovation à l'Association nationale des industries
agroalimentaires (ANIA), souligne que le secteur de l'agroalimentaire
est constitué de multiples pôles, très portés sur l'innovation, que ce
soit au niveau des machines, des produits, ou des emballages : “C'est
pourquoi nous sommes très intéressés par ce type de projets, comme
également par les prêts verts bonifiés, destinés à favoriser
l'investissement dans des processus industriels et des outils de
production plus respectueux de l'environnement, économes en énergie.”
Dans ce secteur, Pierre-François Kaltenbach mentionne l'initiative de
Danone, qui “a créé en 2009 un fonds “écosystème'' alimenté chaque année
par 1 % du bénéfice net et qui consiste à renforcer son tissu
économique, notamment par l'aide au développement de compétences chez
des fournisseurs”.
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